Utilisation des espèces végétales introduites et invasives par les vertébrés endémiques malgaches

L’exceptionnelle biodiversité malgache, caractérisé par une forte proportion de plantes et d’animaux endémiques, est menacée, par de nombreux facteurs, au premier rang desquels figure la fragmentation des habitats écologiques originels. Afin de tenter de contrer les extinctions et d’assurer le maintien de populations viables, il est important de promouvoir des zones tampons adéquates à proximité des aires protégées, des couloirs pour connecter les lambeaux de forêts naturelles entre-elles au sein des paysages humanisés, dont la matrice principale est constituée d’espaces ouverts, voire cultivés. Nous avons étudié les opportunités que constituent certaines espèces végétales introduites pour assurer le rôle de zones tampons à l’échelle des territoires agricoles. Ces espèces et les zones où elles sont implantées sont pertinentes pour la conservation et ce à plusieurs niveaux : d’abord, ces espèces ou ces zones peuvent servir d'habitat et/ou de nourriture aux animaux vertébrés et surtout elles sont rapidement implémentables sur le terrain. Enfin, ces espèces et ces zones sont généralement favorisées par les populations locales qui de ce fait pourraient bénéficier de ces nouvelles actions de conservation de la biodiversité. Pour cela nous avons recherché systématiquement et de manière exhaustive, la littérature scientifique qui mentionne et étudie les interactions entre faune endémique et flore exotique. Nous avons répertorié près de 100 espèces (7,25%) sur les 1379 espèces végétales non indigènes à Madagascar documentés par Kull et al. (2011), comme étant utilisées par les espèces animales endémiques. Les primates, les renards-volants et les oiseaux, les utilisent en premier lieu comme nourriture. Ils assurent un rôle d’habitat pour tous les groupes de vertébrés terrestres. Près de 90 espèces de vertébrés ont été répertoriées comme utilisatrices de plantes introduites. Au moins six d'entre-elles sont classées comme en danger critique et dix comme espèces menacées. Un grand nombre de d’espèces introduites utilisés par les animaux endémiques présentent une croissance rapide et ... ont de plus une grande importance économique et socioculturelle pour les populations locales. Ainsi, cette étude première du genre, montre que les plantes introduites offrent des possibilités dans le domaine de la conservation, grâce à l’extension (zones tampon) et à la mise en connexion des habitats natifs