HTML Document Biodiversité floristique aquatique

Détails sur la diversité de la flore aquatique
Release date 15/05/2008

La biodiversité floristique aquatique

A Madagascar, les végétaux supérieurs aquatiques ont été très peu étudiés. Les inventaires déjà réalisées dans les différents programmes de recherche de ces dernières années (CNRE/ORSTOM/LRSAE) montrent cependant une certaine importance de la richesse et de l’endémicité spécifiques, quoique leurs niveaux soient très inférieurs à ceux rencontrés chez les végétaux terrestres. Les travaux de recensement des familles et des genres connus ne sont pas encore terminés, mais il apparaît qu’aucune famille des plantes aquatiques malgaches n’est endémique.

Récapitulatif sur les plantes aquatiques connues

Richesse familiale

Sur les 60 familles connues, 8 appartiennent à l’embranchement des PTERIDOPHYTES et 52 à celui des SPERMAPHYTES. Parmi ces derniers, on distingue 20 familles de la classe des LILIOPSIDA et 32 familles appartenant à celle des MAGNOLIOPSIDA.

Richesses générique et spécifique

Dans la classe des LILIOPSIDA, les familles renferment 112 genres et 364 espèces.

Dans la classe des MAGNOLIOPSIDA, le recensement actuel porte sur 73 genres et 124 espèces.

Parmi toutes ces espèces, certaines se rencontrent assez communément dans les zones humides : Raphia ruffia (Palmaceae) ; Phragmites mauritianus (Gramineae) ; Typhanodorum lindleyanum (Araceae) ; Centella asiatica (Apiaceae) ; Eichhornia crassipes (Pontéderiaceae) ; et les différentes espèces de Pandanus (Pandanaceae), Cyperus (Cyperaceae) et Nymphaea (Nymphaeaceae).

Endémicité

Le seul genre qui soit endémique se trouve dans la classe des LILIOPSIDA, appartient à la famille des Pontederiaceae et est monotypique : Scholleropsis lutea, que l’on rencontre dans les ruisseaux et les étangs de l’Ouest, diffère de Eichhornia crassipes, espèce originaire d’Amérique, en particulier par différents caractères morphologiques de la fleur et des feuilles.

L’endémicité des plantes aquatiques se trouve presque exclusivement au niveau des espèces :

Dans la classe des LILIOPSIDA, 153 espèces sont endémiques, soit 42,04 %. Cette endémisme se rencontre surtout à l’intérieur des familles des Cyperaceae, Aponogetonaceae, Pandanaceae et Eriocaulaceae.

  • La famille des Cyperaceae contient le plus grand nombre d'espèces aquatiques endémiques, le genre Cyperus comporte 94 espèces dont 51 sont endémiques à Madagascar (54%).
  • La famille des Aponogetonaceae possède 11 espèces, toutes endémiques malgaches : Aponogeton madagascariensis, A. fenestralis, A. bernieranus, A. quadragulatus, A. boiviniana, A. decaryi, A. ulvaceus, A. cordatus, A. tenuispicatus, A. longiplumulosus et A. capuronii. Selon la révision de Van Bruggen (1968), A. madagascariensis et A. fenestralis constituent une seule et même espèce. Le genre Aponogeton ayant une large répartition géographique s’étend cependant en Afrique, Asie et Australie du Nord.
  • Dans la famille des Pandanacéae, la systématique du genre Pandanus n’est pas encore achevée : parmi les espèces connues, 14 sont typiquement malgaches et rencontrées dans les zones humides.
  • Des espèces de la famille des Eriocaulaceae présentent une microendémicité. Par exemple, celles qui ne se trouvent que dans la région d’Antsirabe : Eriocaulon madagascariensis, E. hildebrandtii, E. heterochiton var. acuminatum et E. mokalense.
Pour la classe des MAGNOLIOPSIDA, 48 espèces sont endémiques, soit 38,7%, et appartiennent aux familles des Hydrostachyaceae, Podostemonaceae et Tristichaceae. Quelques espèces carnivores sont rencontrées chez les Nepenthaceae, les Droseraceae et les Utriculariaceae.
  • La famille des Hydrostachyacéae ne possède qu'un seul genre, Hydrostachys, lequel comprend 30 espèces dans le monde dont 17 sont endémiques malgaches.
  • La famille des Népenthaceae, représentée par des lianes dans les zones humides, est caractérisée par l’existence de limbes modifiés en urnes operculées pouvant emprisonner des insectes qui sont ensuite digérés par un suc protéolytique. Deux espèces endémiques : Nepenthes madagascariensis dans la région de Tolagnaro et Nepenthes masoalensis dans le Nord-Est (Antalaha, Masoala et Maroantsetra).
  • Chez les Droseraceae, les feuilles sont verticillées ou en hélice, hérissées de poils glanduleux pouvant retenir les insectes. Les Drosères, plantes herbacées aquatiques ou terrestres, comprennent 4 espèces dont 1 endémique : Drosera madagascariensis.
  • Les espèces rencontrées dans la famille des Utriculariaceae sont des herbacées flottantes munies de petits sacs (utricules) où sont capturés et emmagasinés les petits invertébrés. Parmi les 7 espèces connues, 3 sont endémiques malgaches (43%) et localisées dans le Centre de l’Ile : Utricularia cervicornuta, U. imerinensis et U. perpusilla.

Rôle et Utilisation des plantes des zones humides

L’existence des plantes des zones humides revêt une grande importance vitale pour les animaux aquatiques et dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème. Plusieurs espèces servent d’abris, de nichoir et de lieu de ponte à certains Oiseaux : Phragmites mauritianus, Cyperus madagascariensis et Typha angustifolia. Des espèces immergées telles Potamogeton javanicus, Ceratophyllum demersum, servent d’alimentation à des Poissons herbivores. D’autres rencontrées dans les cours d’eau comme Hydrostachys sont utilisées comme support et pour la nidification par des Insectes telles les Simulies, ou comme supports de ponte pour certains Batraciens.
Les fibres ou divers sous-produits tirés de plusieurs espèces végétales sont utilisés dans l’artisanat pour la vannerie : confection et le tressage de nattes, de paniers, de sacs, de van, de nasses ou de cordages. C’est le cas de : Raphia ruffia et de Raphia sp. qui fournissent aussi un tissu traditionnel (la rabane) ; Lepironia mucronata (Penjy) ; Cyperus madagascariensis ou papyrus (Zozoro) ; Cyperus latifolius (Herana) ; Eleocharis plantaginea (Harefo) ; Phragmites mauritianus ; Typha angustifolia (Vondro ou Masette). Les tubercules de Nymphaea stellata sont utilisées en teinture.
D’autres espèces sont utilisées en médecine traditionnelle : Drosera madagascariensis, pour ses qualités antispasmodiques et antitussives ; les tubercules de Nymphaea stellata, Potamogeton natans, Azolla pinnata, Lemna paucicostata, Oryza sativa et Ludwigia stolonifera, pour le traitement de diverses affections et maladies. Les extraits de quelques plantes sont utilisés dans l’industrie pharmaceutique, c’est le cas de Centella asiatica qui est dotée de propriété cicatrisante.
Les feuilles, les fruits et/ou les tubercules de certaines espèces sont comestibles et utilisées dans l’alimentation humaine : le Saonjo, Taro ou Caldesia ; Aponogeton ; Typhanodorum lindleyarum ; Centella et Hydrocotyle, etc. Les différentes variétés de riz Oriza prennent une place prépondérante dans l’agriculture et l’alimentation du pays. L’espèce Azolla pinnata en association avec des bactéries fixatrices d’azote, sert d’engrais vert aux agriculteurs de certaines régions.
Les fleurs de Nympheae lotus sont utilisées pour l’extraction d’huiles essentielles ou de parfum. D’autres espèces sont très prisées dans l’aquariophilie : Aponogeton madagascariensis ou fenestralis, Limnanthenum indicum et Ceratophyllum demersum.